Pharmakon
Alexandre Le Petit, with the Bruxelles group : Geneviève Lagravière, Joséphine de Weck, Zoranne Serrano & Chris Harrison
Conférence au Théâtre de Caen, le 12/12/12, à 18h : Performer - le désir fait être [le plateau, lieu de la trans-individuation]
Dans le cadre de la présentation de la saison de Danse Perspective / Trajectoires Dansées, 2012-13
Pharmakon est un projet de recherche et d'expérimentation d'écriture performative, qui s'articule autour d'une triple partition :
1/ une recherche théorique partagée sous forme de conférences publiques.
2/ un cycle de sessions de travail en laboratoire et sur le plateau.
3/ la (re)production d'une installation performative en tant qu'image dynamique constamment re-définie et re-construite, en résonnance avec les contributions issues des parties 1 & 2.
L'approche méthodologique s'inspire - librement - du modèle structurel de l'open-source et du logiciel libre, appliqué aux processus créatifs dans le spectacle vivant, et s'appuie sur une lecture attentive des fondements théoriques de l'individuation, de l'économie de la contribution et de l'émancipation intellectuelle (Austin, Simondon, Stiegler, Derrida, Foucault, Rancière, notamment).
Le travail repose sur un questionement sur ce qui fonde la nature des relations entre pouvoir et regard au sein d'une communauté. La prolifération organisée des cadres et des écrans participe-t-elle à un épanouissement intellectuel collectif sans précédent, ou l'écran agit-il comme organe-obstacle de notre développement social, contenant en lui-même ce qui permet et empêche simultanément de voir ? Quel type de relation inter-humaine cela engendre-t-il, et quelle est la place faite au désir, à la philia, sur le marché des pulsions, du neuro-marketing et des technologies R (Relationnelles) qui semble dessiner les nouveaux contours de notre « modernité » ?
Une étude des rapports entre théâtralité et performativité donnera lieu à une investigation sur la position du performer dans la voix publique, sur sa responsabilité en tant qu'auteur et sur les moyens théoriques et méthodologiques qu'il se donne pour accomplir la mutation de l'espace de soi vers l'espace social. La fusion des domaines des pratiques artistiques avec ceux des sciences humaines, en donnant au performer une nouvelle autonomie, ne lui impose-t-elle pas de se questionner sur sa propre pratique ? Alors qu'il doit assumer la disparition progressive de la figure tutélaire du metteur-en scène, ne doit-il pas requalifier dans son travail en propre, dans sa capacité à organiser sa pensée et les actions qui en découlent, la nature des liens qu'il construit avec le public ?
L’existence d'une industrie du marché repose dans tous les domaines où elle s'implante sur la création d'un sentiment de vide et d'angoisse artificielle, puis persuade (sophistique) le consommateur qu'il en est la victime (plate-forme anxiogène), pour lui vendre un remède (pharmakon) qu'il doit prendre immédiatement (pensée-réfléxe) sous peine de risquer de mourir (conditionnement).
Affirmer une rupture avec le modèle consumériste (prolétarisation du citoyen réduit à sa fonction de consommateur), c'est revendiquer une rupture avec la temporalité du « moderne », c'est-à-dire revendiquer son émancipation et son autonomie des structures de contrôle et de pouvoir, c'est prendre le risque d'exister.
Lors des sessions en ateliers, le travail sera tourné vers la recherche d'innovation et d'autonomie en tant que réponse à une modernité délétère, et posera la question de la responsabilité face à la contrainte, à la lumière du concept d'open-source appliqué aux processus créatifs et à l'individuation collective.
Praxis : L'installation agit comme fin et moyen en donnant au visiteur la possibilité de devenir un interprète actif, d'associer et de dissocier les signes qu'il rencontrera dans son parcours singulier dans le dispositif, et in fine de (re)construire sa propre histoire.
Workshop
Espace Danse, Caen
Pharmakon#2
13 & 14/12/12
Workshop
Centre Chorégraphique National de Caen
Pharmakon#3
08-13/01/13 & 25/02-01/03
-English -
Theme : Pharmakon proposes a series of hypotheses regarding the relationships between power and the gaze within a community. Does the organized proliferation of frames and screens in our era foster the development of an unparalleled collective, intellectual growth, or does the screen act as an organe-obstacle to our social development, containing within itself that which simultaneously permits and prevents us to see ? What type of inter-human relationship does this create, and what place does it allocate to desire, to the philia, on the market of pulsions, and in the neuro-marketing and relational technologies that seem to define the contours of our “modernity” ?
Praxis : The installation acts both as a means and as an end, inviting the visitor to become an active interpreter, and to associate and dissociate the signs with which he will be presented during his individual parcours – signs that he may use to (re)construct his own story.